Ville cruelle
Le cynisme était une attitude face à la vie provenant d'une école philosophique de la Grèce antique, fondée par Antisthène1, et connue principalement pour les propos et les actions spectaculaires de son disciple le plus célèbre, Diogène de Sinope. Cette école a tenté un renversement des valeurs dominantes du moment, enseignant la désinvolture et l'humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement matérialistes et anticonformistes, les Cyniques, et à leur tête Diogène, proposaient une autre pratique de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire. Par une dérivation du terme, on parle de nos jours de cynisme pour désigner un mode de pensée qui diffère tellement des normes établies (en particulier dans le domaine de la morale) qu'il en deviendrait choquant. On peut attacher à ce cynisme une sorte d'humour noir (tantôt involontaire, tantôt malveillant), pince-sans-rire, mordant et ironique, souvent employé pour manifester une certaine rébellion face à un monde incompréhensible en raison de la multiplicité des conventions factices, socialement admises, qui le régissent — à la différence du sarcasme, qui ne recherche pour sa part qu'une démonstration de force. Au-delà de cette indifférence affichée à la morale et aux convenances, le « cynique » moderne n'a plus grand-chose à voir avec les philosophes antiques dont il sera question ici.
I) Histoire
Antisthène, fondateur de l'école cynique
Le terme « cynisme » provient du grec ancien κύων / kuôn, qui signifie « chien », en référence à l'attitude d'Antisthène, l'inspirateur du cynisme, puis de celle de Diogène de Sinope, généralement considéré comme le premier véritable cynique et qui souhaitait être enterré « comme un chien ». Selon d'autres sources ce dernier « faisait ses discours dans un gymnase appelé Cynosarge, tout près des portes de la ville ». Le Cynosarge (littéralement « chien agile ») était le nom du gymnase dans lequel Antisthène enseignait. Les