Je ne savais pas comment j'étais arrivé là. Je me réveillais. Je me trouvais en plein milieu d'une grande avenue bordée d'arbres symétriques, d'hauteurs semblables. Il y avait des cèdres, des mûriers, des séquoias aux feuilles spiralées, pointues, vertes grisâtres. C'était du moins les trois seules espèces que je pouvais reconnaître. Le sol était fait d'une matière extrêmement lisse que je ne réussissais pas à identifier. De longs véhicules aux formes étranges, harmonieuses, planaient à environ un mètre du sol, se croisaient avec sûreté sur cette voie. De nombreuses personnes se déplaçaient également de part et d'autre, sur des chaussées aussi larges que la voie principale. Ces gens utilisaient toutes sortes de moyens de transport : les piétons côtoyaient des cyclistes, qui croisaient des cavaliers, d'autres utilisaient des machines qui leur permettaient de planer à quelques centimètres. C'était un spectacle étonnant de voir tout ce monde s'entrecroiser sans jamais se heurter.
J'abordais l'un de ces passants pour lui demander où je me situais. L'homme, voyant mon étonnement et devinant mon ignorance, me pria de marcher avec lui. Il commenca à m'expliquer le fonctionnement de cette ville.
En ce monde, personne n'était obligé de travailler pour vivre. Des machines remplissaient toutes les tâches embarrassantes. Les métiers qui ne pouvaient pas être exercés par des machines étaient occupés à tour de rôle par toute la population. Le système était tellement efficace qu'un individu n'avait pas à travailler plus d'un an au cours de sa vie et que personne ne refusait de rendre ce service, bien qu'il ne soit pas obligatoire.
L'argent n'existait pas dans cette société. Les industries tournaient à plein régime pour produire ce que tout le monde avait besoin et chacun se servait selon sa nécessité. Il n'y avait aucun abus, vol ou autre escroquerie car tout le monde avait accès au nécessaire autant qu'au superflu. Il n'y avait d'ailleurs pas de police ni de lois