Le XVIIIe siècle est marqué par une spectaculaire augmentation démographique des populations urbaines en France. Les grandes villes, comme Paris, Lyon, ou Marseille, poursuivent leur croissance tout au long de ce siècle, quand dans le même temps de nombreuses villes moyennes dépassent les vingt mille habitants. Les masses citadines évoluent dans un cadre économique souvent florissant, prospère, et les villes rivalisent par leur attraction économique. Dans son Tableau de Paris, L.-S. Mercier écrit « On bâtit de tous côtés ». Ces concentrations urbaines sont effectivement créatrices d’emplois et de richesses. Elles permettent l’émergence dans la population de nouvelles manières de penser la ville et de penser tout court, et instaurent un nouveau rapport au pouvoir royal. L’émergence progressive d’une opinion publique participe bientôt à la contestation de l’ordre établi. En quoi les évolutions spectaculaires connues par les villes au cours du XVIIIe siècle transforment-elles la vie urbaine et la séparent-elles un peu plus de la ruralité ? Afin de répondre à cette question, nous verrons tout d’abord les évolutions économiques dans les villes, puis nous nous intéresserons aux mutations sociales que connaît la société urbaine au cours du XVIIIe siècle, avant de nous concentrer sur la vie publique de la ville.

Durant le XVIIIe siècle, on assiste à un exode massif des populations rurales vers les villes, ce qui aboutit à une concentration des activités économiques et l’industrie. La politique colbertiste menée au XVIIe siècle et poursuivie par la suite permet bientôt de soutenir l’industrie manufacturière et l’artisanat dans les villes, alors le contexte économique est au début du XVIIIe siècle particulièrement difficile. L’amélioration progressive de la conjoncture permet à ce secteur d’activité de se développer rapidement dans les villes. L’offre d’emplois croît alors fortement, et des milliers d’emplois nouveaux sont pourvus à de nombreux citadins, mais