Vol1
Gary Smith
University of Toronto
Dans Les Fausses confidences, Araminte, riche veuve bourgeoise, tombe amoureuse de son nouvel intendant dont elle vient de faire la connaissance.1 À la fin du troisième acte, soit quelques heures plus tard, elle est prête à se marier avec lui. Comment cet amour vraisemblable a-t-il pu se développer si rapidement? Cette question ne trouve qu’une réponse partielle dans la campagne menée par Dubois pour forcer Araminte au mariage. Mon hypothèse est que les procédés théâtraux de la mise en abyme, la théâtralité, la distanciation et la dénégation font paraître vraisemblable le dénouement de la pièce et naturalisent son inévitabilité. Précisons d’abord la terminologie littéraire et théâtrale sur laquelle se fonde la suite de cet article.
Théâtralité : L’étude de la théâtralité se limitera à deux aspects du procédé, d’abord, au théâtre dans le théâtre qui, dans Les Fausses confidences, ne dépasse pas le stade du jeu dans le jeu et, deuxièmement, à tout procédé qui rappelle au spectateur qu’il est au théâtre et rompt ainsi l’illusion mimétique d’un théâtre réaliste – comme le font les apartés et les adresses directes au public.
1. Toute référence à la pièce se rapporte à l’édition de F. Deloffre indiquée dans la bibliographie.
© Applied Semiotics/Sémiotique appliquée 1:3 (1997), 231-248
Gary SMITH
Mise en abyme : J’adopte ici la définition offerte par Lucien Dällenbach dans son Récit spéculaire: « est mise en abyme toute enclave entretenant une relation de similitude avec l’œuvre qui la contient. » (Dällenbach
18) Quoique cette définition se retrouve dans le cadre d’une étude sur le roman, elle paraît également rentable pour une étude du théâtre. La mise en abyme a pour effet de rendre son cadre plus vraisemblable, tout comme la pièce enchâssée dans Hamlet, qui est manifestement du théâtre, prête au drame qui l’encadre, lui aussi théâtral, une vérité