voltaire micromegas
Incarnée essentiellement par Micromégas, la sagesse proposée par Voltaire est loin d'être "merveilleuse" et inaccessible à l'homme. Elle repose sur:
- L'absence de préjugés : Micromégas et le Saturnien ne s'arrêtent pas sur Mars parce-qu'ils pensent que sur une aussi petite planète, il ne doit rien y avoir.
- Ne pas céder à la flatterie hypocrite : Micromégas ne veut pas qu'on lui plaise.
- Ne pas être présomptueux et admettre ses limites. Montaigne disait dans Les Essais : " Que sais-je ?", Voltaire, dans le Dictionnaire philosophique dit : "Que ne sais-je pas ?"
- Etre tolérant et accepter chacun dans sa différence : Micromégas déclare aux terriens : " Je ne méprise personne"
- Remercier et honorer Dieu pour tout ce qu'il a fait car Dieu est "un grand architecte". Micromégas ne craint pas d'affirmer sa foi : " J'admire en tout sa sagesse ; je vois partout des différences mais aussi partout des proportions."
- Ne pas chercher à comprendre ce qui nous dépasse et ne pas affirmer ce qu'on ne sait pas. Le livre blanc, ultime cadeau fait aux terriens, symbolise la sagesse : être sage consiste à accepter qu'on ne sait pas tout, qu'il reste beaucoup de choses à apprendre et que certaines connaissances ne sont pas accessible à l'homme : en toute chose, il faut rester modeste.
Le partisan de Locke, seul philosophe qui ait grâce aux yeux de Voltaire, rejoint Micromégas lorsqu'il affirme :
"Je remercie la puissance éternelle ; il ne m'appartient pas de la borner ; je n'affirme rien, je me contente de croire qu'il y a plus de choses possibles qu'on ne pense."
Cette réflexion, placée à la fin du conte, juste après les discussions métaphysiques oiseuses des autres philosophes, n'est-elle pas le preuve que la sagesse est dans l'ordre de l'humain ?