À Chambéry, le Lundi 18 mai 2015

Mon cher André,

Je voulais te remercier de m'avoir mis en garde contre cette fameuse garce. Sache que je n'ai besoin d'aucune aide. Effectivement je suis largement capable de la renvoyer, de là où elle vient. L'un de mes points forts les plus marquants de ma confiance en moi est sûrement mon penchant à étayer les regards. Je l'appelle « le regard du prédateur », et il me semble rare ceux qui en soient dotés. Un contact visuel continu ne me dérange en rien. Mon incapacité à détourner les yeux est, dans la plupart des cas ressentit comme de l'assurance, de la provocation ou même de l'hostilité. Elle réduit mon interlocuteur à se soumettre, mais d'une façon souvent exaltante.
Il s'agit juste d'un échange de bons procédés!
Une personne qui souhaite vous plaire, se sentir désirée, utile ou être vue comme quelqu'un de bien sera satisfaite tout comme moi par le moyen simple et rapide de la manipulation. Cela me rappelle quand j'étais enfant. Quand les autres petites filles jouaient à la poupée ou autres futilités, j'apprenais à jouer avec les gens. J'agissais sans finesse. J'utilisais mes amis comme des pions dans le seul but d'accéder à leurs jouets ou à ce qu'ils avaient à me fournir.
J'aimais les jouets et les bonbons comme tout le monde, mais il était inconcevable de me manipuler ou d'exercer un chantage sur moi, car je refusais d'être manœuvrée en vue de se solidariser ou d'être plaisante, contrairement aux autres enfants.

Je dois avouer que je suis insatiable de pouvoir. De toute ma vie, je n'ai jamais cessé de penser qu'à lui. J'aime les gens, même je les adore ! Je peux les amadouer, les modeler et les détruire comme bon me semble. Ce n'est pas forcément le résultat qui m'intéresse mais l'envie d'exercer mon pouvoir.
Il est comparable à ma nourriture. C'est la manipulation d'esprits qui m'empêche de mourir de faim. C'est en s'introduisant dans l'esprit des gens que je fais le plus de mal. Terroriser l'âme d'une personne est