Voyage au bout de la nuit
Antinationaliste : Le patriotisme est, selon Céline, l'une des nombreuses fausses valeurs dans lesquelles l'homme s'égare. Cette notion est visible notamment dans la partie consacrée à la Première Guerre mondiale, au front, puis à l'arrière, où Céline s'est fait hospitaliser.
Anticolonialiste : Ceci est surtout visible lors du voyage de Bardamu en Afrique. C'est le deuxième aspect idéologique de cette œuvre, et pas le moindre. Il qualifie le colonialisme de « mal de la même sorte que la Guerre » ; il en condamne donc le principe, l'exploitation sur place des colons, dresse un portrait extrêmement caricatural des occidentaux là-bas.
Anticapitaliste : Ceci se repère naturellement dans la partie consacrée aux États-Unis, lors de son voyage à New York, puis à Détroit, principalement au siège des usines automobiles Ford. Il condamne bien évidemment le taylorisme, ce système qui « broie les individus, les réduit à la misère, et nie même leur humanité » reprenant sur ce point quelques éléments de Scènes de la vie future (1930) de George Duhamel qu'il a lu au moment de l'écriture du Voyage3. Le regard qu'il porte sur le capitalisme est étroitement lié à celui qu'il porte au colonialisme.
Anarchiste : À plusieurs reprises, l'absurdité d'un système hiérarchique est mise en évidence. À la guerre bien sûr, aux colonies, à l'asile psychiatrique... L'obéissance est décrite comme une forme de refus de vivre, d'assumer les risques de la vie. Lorsque Céline, ou plutôt Ferdinand, défend son envie de déserter, face à l'humanité entière, résolument décidée à approuver la boucherie collective, Céline affirme la primauté de son choix devant toute autorité, même morale.
Ce roman se distingue également par son refus total de l'idéalisme : l'idéal et les sentiments, « ça n'est que du mensonge ». La question de Bardamu, et par là même, celle de Céline, est de découvrir ce qu'il appelle : la vérité. Celle qui est biologique,