Voyage Au Bout De La Nuit
Dans un premier temps, l'adoption du point de vue interne, (c'est-à-dire que la scène est vue d'après le personnage principal, Bardamu) permet au lecteur de se sentir proche du personnage, et donc d'adhérer plus facilement à ses opinions. En effet, nous avons accès aux pensées de Bardamu ainsi qu'à ses sentiments. Le fait d'avouer ses bassesses ( l'envie de meurtre aux lignes 68 à 70, ou bien la peur, aux lignes 17 à 19) le rend plus humain, donc plus attachant. L'utilisation d'une langue orale (« rien à dire », l.6, « chacun sa guerre » que je me dis ») renforce cet aspect. Le style n'est pas recherché, Bardamu est un homme comme un autre.
De plus, nous pouvons constater que l'auteur peint le tableau répugnant des atrocités de la guerre. Pour cela, il utilise un vocabulaire cru et réaliste comme le montrent les expressions « le cavalier n'avait plus sa tête, rien qu'une ouverture au-dessus du coup » (l.76), « le colonel avait son ventre ouvert » (l.79). Les champs lexicaux de la boucherie, avec les mots « viandes », « sang », et de la cuisine, avec les références à la « marmite », la « confiture » et les « glouglous », accentuent le dégoût du lecteur, qui comprend que les cadavres ne sont plus que des carcasses d'animaux. La guerre ôte à ceux qui la font leur caractère humain. L'agressivité du monde guerrier est aussi exprimée par la métaphore de « l'essaim de balles ». Les guêpes sont en effet mortelles quand leurs piqûres sont nombreuses, et le champ lexical de la