Chacun d'entre nous a déjà vu une reproduction de la leçon d'anatomie qui illustre la première page du livre de Vésale, «la fabrique du corps humain». Vésale est, à juste raison, considéré comme le père fondateur de l'anatomie moderne. A partir de ses travaux, une remise en question du savoir hérité des grecs et surtout des latins va progressivement conduire à la (re)découverte de la médecine. Des techniques de dissection du corps mort aux techniques de conception in vitro du corps vivant, une certaine image du corps vivant se construit. Si il est habituel de replacer les travaux de Vésale dans «le réveil intellectuel» de la renaissance, on minimise sans doute l'influence de Vésale sur le renouveau de la chirurgie et de la place du chirurgien dans le monde médical. «Petit à petit, [les médecins les plus réputés]... se dérobèrent aux servitudes du véritable exercice de la médecine, sans pour autant réduire en rien leurs honoraires ou leurs profits, et devinrent bientôt indignes des anciens médecins [Hippocrate et Galien]» dit Vésale dans son introduction à «La Fabrique du corps humain» dédié à Charles Quint. Pour Vésale la chirurgie a valeur de modèle parce qu'elle est la technique d'intervention la plus efficace sur le corps, la médecine n'étant considérée que comme un adjuvant de la nature. «Dans la plupart des cas, la seule nature est plus prompte à guérir sans intervention du médecin» (Vésale). Maîtrise Orthopédique a demandé à un historien des sciences de montrer l'évolution de la place du corps et du chirurgien, à travers l'analyse de deux tableaux célèbres représentant chacun, à un demi-siècle de distance, une leçon