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Huile sur toile, 89 x 145 cm
Musée des Beaux-arts, Orléans, France
Alexandre Antigna fut l'un des artistes en qui s’incarna l'esprit de la révolution de 1848. Préoccupé par la question sociale, Antigna livre dans ses tableaux une image forte du sort accablant des petites gens.
La Pauvre femme a été présentée au salon de 1857. Le format allongé, les dimensions du tableau et le cadrage serré font référence à des compositions de morts héroïques dont Antigna s’est inspiré pour allégoriser la mort du pauvre.
Ici, il représente une femme seule qui gît morte, joue contre terre. Elle a succombé en croisant ses mains dans un dernier geste de prière. Mais la croix devant laquelle elle espérait reprendre des forces, est penchée et ne tient plus vraiment sur son socle ; il semble que les forces divines l’aient aussi abandonnée.
Les branches dénudées, la croix grossière et les tons terreux, dessinent un cadre désespérant, traité avec une matière picturale épaisse et rugueuse. En plein hiver, vêtue d’une simple robe et d’un tablier, elle meurt d’épuisement sous un dernier fagot de bois qu’elle portait sans doute pour pouvoir chauffer la maisonnée. Elle a lutté jusqu’au bout pour sa survie, mais la rigueur de la saison a eu raison de ses dernières forces. Ce décor d’hiver pourtant hostile illumine par sa blancheur la tristesse du tableau et la grande détresse de cette femme. La neige se dépose délicatement tel un linceul sur ce corps abandonné.
Dans cette œuvre, Antigna se fait le porte-parole des pauvres gens et des femmes en particulier, premières victimes de la précarité sociale. Il dénonce dans plusieurs œuvres imposantes l'extension du paupérisme qui touche non seulement le monde ouvrier, mais aussi le monde paysan, souvent contraint par la misère à l'exode rural, déjà important dans les campagnes françaises au milieu du XIXe siècle.