yasminakamel
Loïc BRÉMAUD
[« L'archipel de l'ingénierie de la formation », Loïc Brémaud et Catherine Guillaumin (dir.)]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
L’INGÉNIERIE DE LA FORMATION,
UN MONDE EN VOIE D’ÉCLATEMENT
OU DE RECOMPOSITION ?
L’intitulé « L’archipel de l’ingénierie de la formation » pourra interpeller plus d’un lecteur de cet ouvrage, en dérouter d’autres. Il marque les 20 ans du master
SIFA (stratégie et ingénierie en formation d’adultes), créé en 1988, événement célébré par l’organisation d’un colloque les 22 et 23 janvier 2009 1. Que s’est-il passé depuis vingt ans sur ce que l’on a pu considérer longtemps comme le « continent de l’ingénierie de la formation », disposant un temps de sa cohérence propre, de définitions en voie de stabilisation, d’un corpus théorique évolutif, d’auteurs de référence, de formations universitaires formant aux fonctions de ce champ d’activité reconnu ? Plusieurs auteurs dès la fin des années 90, notamment lors du colloque de Dijon en 1997 2, constatent son éclatement. Sur quoi reposerait cette position, quels seraient alors les facteurs enclenchant des forces centrifuges, quel processus socio historique mènerait à cet apparent éclatement. Assiste-t-on à une décomposition d’un champ débouchant sur une dilution de ses lignes de frontière, prémices d’une phase anomique et annonciatrice de sa disparition ? Nous dirigeons-nous au contraire vers de nouvelles recompositions, un nouvel ensemble plus complexe, non plus continent, mais archipel, c’est-à-dire monde composé de plusieurs entités, formant configuration (Elias, 1981), faisant système ? En reprenant une citation de l’inclassable et controversé Ernst Jünger « pendant la mue, le serpent est aveugle ». Comment dépasser cette apparente opacité et ce brouillage des repères signalé depuis dix ans ? Quel constat opérer aujourd’hui, à quel état des lieux procéder pour tenter de donner un sens à cet ensemble ?
Cet