La sépulture

Mon père m’a toujours enseigné que la vie n’était qu’une durée de temps entre la naissance et la mort qu’il se fallait, selon lui, de remplir, tel un panier, de faits et actions pour qu’à notre mort, on ait le sentiment qu’elle eut été pleinement active. Hélas, il y a de ses aventures que nous préférerions oublier, dérangeantes. L’histoire que je m’apprête a vous conter aujourd’hui me glace encore le sang lorsque je me la remémore.

L’été 1964 avait été une saison fort douce à Zermatt pourtant mon cœur à cette époque n’était pas à la fête. Ma compagne avait passé le chemin, une mystérieuse maladie l’avait emportée. Comble du malheur, la maison que nous venions d’acheter nous avaient ruiné et sa mort avait été si fulgurante que je n’avais pu m’acquitter de coûts pour inhumer le corps et avais dus me résoudre à l’incinérer. Rongé par les remords, j’avais depuis trouvé refuge dans la boisson. Tous les jours, à l’heure où ma douce moitié avait coutume de me servir le dîner, j’empoignais montre à clef et sortais prendre un verre. Il n’était donc pas surprenant pour les gens de la ville de me voir ivre dans un parc à déblatérer des sottises.

Le soir du premier anniversaire de sa mort, je restais seul dans ma chambre à attendre l’heure fatidique, celle à laquelle la police était venue m’informer du décès de ma compagne, 1h21 du matin. L’esprit grisé par l’alcool, j’observais ma montre qui insensible à ma tristesse, continuait à agiter ses aiguiller et à étirer ma peine. Le numéro 19 sous les aiguilles indiquait la sinistre date où la mort avait triompher sur l’amour. Il était minuit et demi lorsque je décrochais mes yeux de ma montre pour me servir un verre de Whiskey. Aux alentours de 1h15 je revins à ma chambre, l’esprit brouillé par le verre que je m’étais servi. Dans une totale noirceur, j’écoutais le bruit des secondes qui perçaient le silence comme les souvenirs, mon cœur. Les remords assaillaient mon esprit et des larmes