Zizou
A 34 ans, la postérité de Zidane était déjà écrite. Mais quel homme peut accepter de voir sa vie se dérober ainsi à lui, même si c’est pour devenir le refuge des espérances de milliers de gens ? Sa passion était devenue son calvaire. Son art, un chemin de croix où il a dû expier nos frustrations contemporaines (désenchantement, sinistrose quotidienne, solitude). Il se devait non seulement de nous faire rêver, mais aussi de se donner en exemple à toute une génération, de redonner confiance aux plus fragiles d’entre nous en leur montrant que la réussite est possible. Il devait, encore, être le symbole d’une France métissée, faire renaître le lien social distendu….
Cet homme, au vrai, est un héros et non un mythe. Un héros, parce qu’il incarne magistralement la tragédie humaine. Son geste est magnifique, et il faut peut-être y voir l’acte manqué d’un individu refusant sa sanctification. Il n’a pas renié son humanité pour une gloire éphémère et illusoire. Il s’est agrippé à la terre quand on l’avait déjà condamné au firmament...
Ce ne sont pas les dieux qui étaient les plus admirés dans l’antiquité grecque, flottant dans un ciel hors de portée, mais les héros au sang hybride, humains et divins à la fois, entre deux mondes, célestes et terrestres, mortels et éternels, brefs paradoxaux. Le héros doit pouvoir vivre au-delà de lui-même, être humain, trop humain, mais aussi divin dans l’éclat d’une action qui le dépasse. Coup de tête exceptionnel dans le ballon et soudain