COMMENTAIRE COMPOSE

Extrait de l’Assommoir, écrit en 1877, ce texte d’Emile Zola, apôtre du naturalisme, se situe au début de l’oeuvre, précisément au chapitre 2. Après avoir été quittée par son compagnon Lantier, Gervaise Macquart, une jeune provinciale, rencontre à Paris, dans une distillerie populaire nommée l’Assommoir, un autre personnage clé du roman, un certain Coupeau, ouvrier zingueur qui tente de la séduire. Zola met en scène son héroïne qui, attendant Coupeau, campe littéralement devant un immeuble, qualifié « d’énormité » et « d’organe vivant » où habitent les Lorilleux. Tour à tour curieuse, attirée puis rêveuse, Gervaise capture, telle une caméra, la moindre image et sensation que lui procure le spectacle dressée sous ses yeux. Mais qui est donc réellement cette femme de 22 ans ? Que veut-elle, que cherche-t-elle réellement ? Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la précision d’une description on ne peut plus réelle et vivante qui s’attache à peindre le milieu ouvrier sous toutes ses couleurs et coutures ; puis nous étudierons, au travers du thème du regard, la subjectivité d’un personnage songeur et réservé; enfin, nous analyserons les procédés qui mettent en relief les aspirations modestes de cette jeune femme en quête d’un avenir meilleur.

En premier lieu, le narrateur place son roman dans une époque qui lui est contemporaine et un milieu bien familier avec force détails. En effet, l’action de l’Assommoir se situe au cœur même du quartier de la Goutte d’Or, quartier populaire parisien du XIXeme siècle. Cette description géographique et sociale est significative de sa volonté de dépeindre le milieu des ouvriers, les petits métiers avec leur us et coutumes : « Un menuisier chantait, accompagné par les sifflements de sa varlope », « dans l’atelier de serrurerie, un tintamarre de marteaux battant en cadence », « des femmes cousaient ». Zola insère donc ses personnages dans un cadre précis et un milieu social susceptible de déterminer