A celle qui est trop gaie baudelaire
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.
Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.
Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.
Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !
Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;
Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !Fil et aiguille
Le poème est un quatrain. Le dessin, réalisé en 1937 à Lans (vraisemblablement Lans-en-Vercors ou Villard-de-Lans), montre, passant par le chas d'une grande aiguille, un fil dessinant une silhouette apparemment féminine. Cette silhouette est creuse et laisse transparaître, en le dominant, un paysage inhabité, formé de montagnes et de bosquets.
La toile blanche
Le poème est composé d'un distique et d'un monostiche. Le dessin est daté de 1936. On y voit à droite un entonnoir, au-dessus d'un gant, vide de toute main, doigts vers le haut. À gauche, figure une toile, pliée presque à angle droit, dans les plis de laquelle on peut discerner un visage.
L'évidence
Le poème est composé de deux quatrains entrecoupés d'un distique. Sur le dessin, on voit le visage d’une jeune femme en partie masqué par des mains tendues vers