A des oiseaux envolés

1505 mots 7 pages
Enfants ! - Oh ! revenez ! Tout à l'heure, imprudent,
Je vous ai de ma chambre exilés en grondant,
Rauque et tout hérissé de paroles moroses.
Et qu'aviez-vous donc fait, bandits aux lèvres roses ?
Quel crime ? quel exploit ? quel forfait insensé ?
Quel vase du Japon en mille éclats brisé ?
Quel vieux portrait crevé ? Quel beau missel gothique
Enrichi par vos mains d'un dessin fantastique ?
Non, rien de tout cela. Vous aviez seulement,
Ce matin, restés seuls dans ma chambre un moment,
Pris, parmi ces papiers que mon esprit colore,
Quelques vers, groupe informe, embryons près d'éclore,
Puis vous les aviez mis, prompts à vous accorder,
Dans le feu, pour jouer, pour voir, pour regarder
Dans une cendre noire errer des étincelles,
Comme brillent sur l'eau de nocturnes nacelles,
Ou comme, de fenêtre en fenêtre, on peut voir
Des lumières courir dans les maisons le soir.

Voilà tout. Vous jouiez et vous croyiez bien faire.

Belle perte, en effet ! beau sujet de colère !
Une strophe, mal née au doux bruit de vos jeux,
Qui remuait les mots d'un vol trop orageux !
Une ode qui chargeait d'une rime gonflée
Sa stance paresseuse en marchant essoufflée !
De lourds alexandrins l'un sur l'autre enjambant
Comme des écoliers qui sortent de leur banc !
Un autre eût dit : - Merci ! Vous ôtez une proie
Au feuilleton méchant qui bondissait de joie
Et d'avance poussait des rires infernaux
Dans l'antre qu'il se creuse au bas des grands journaux. -
Moi, je vous ai grondés. Tort grave et ridicule !

Nains charmants que n'eût pas voulu fâcher Hercule,
Moi, je vous ai fait peur. J'ai, rêveur triste et dur,
Reculé brusquement ma chaise jusqu'au mur,
Et, vous jetant ces noms dont l'envieux vous nomme,
J'ai dit : - Allez-vous-en ! laissez-moi seul ! - Pauvre homme !
Seul ! le beau résultat ! le beau triomphe ! seul !
Comme on oublie un mort roulé dans son linceul,
Vous m'avez laissé là, l'oeil fixé sur ma porte,
Hautain, grave et puni. - Mais vous, que vous

en relation

  • Version Memoires d'une Geisha
    412 mots | 2 pages
  • Visite à la nourrice par Étienne Aubry, 1859, 1850, 18 siècle
    1236 mots | 5 pages
  • Sketch cabaret
    496 mots | 2 pages
  • Pastiche Félix leclerc
    625 mots | 3 pages
  • Tyrade comique hermione
    360 mots | 2 pages
  • payer au suivant
    2338 mots | 10 pages
  • Légende roi arthur parodie
    985 mots | 4 pages
  • Marseille
    743 mots | 3 pages
  • Les arrières goût
    3641 mots | 15 pages
  • Analyse
    429 mots | 2 pages
  • Discours à l'assemblée de victor hugo
    290 mots | 2 pages
  • Dissert'
    859 mots | 4 pages
  • ANALYSE FINALE Sfe3
    6371 mots | 26 pages
  • Français
    305 mots | 2 pages
  • Les trois coups de l'apprenti
    1162 mots | 5 pages