A quoi sert le titre d'une oeuvre?
Emile Fabre, auteur dramatique français du début du XXe siècle, envisageait le titre comme « le point de vue où l’on met le public pour juger l’œuvre ». Ainsi considéré, il semblerait que le titre n’ait nul autre objectif que celui d’orienter le jugement d’un public dans un sens souhaité par l’auteur. Cette conception sous-entend non seulement une entière passivité du spectateur à l’égard de ce qu’on lui donne à voir, mais également une certaine manipulation de la part de l’auteur, quant à ce qu’il propose de son travail. Cependant, le romancier français, Tristan Bernard, spécifiait, pour sa part : « [qu’un] bon titre [n’avait] jamais sauvé une mauvaise pièce ». Cette seconde citation, qui apparait comme allant à l’encontre de la fonction première que l’on avait associée au titre d’œuvre, donne alors à ce dernier, un rôle relativement subsidiaire.
Il s’agira, quant à nous, de saisir, dans quelles mesures, un titre peut se révéler tout à fait salutaire. Précisons, pour cela, que le titre qui a, lors de l’apparition de l’imprimerie, désigné les ouvrages littéraires, couvrent, à présent, aussi bien le domaine de la musique que celui des arts plastiques. Dans un premier temps, nous analyserons donc le caractère informatif du titre, puis nous aborderons son aspect attractif, enfin il s’agira de nous rendre compte de son rôle identitaire.
Pour commencer, tournons-nous vers les origines de ce mot qu’est « titre ». Celui-ci provient du terme latin « titulus », qui désignait, dans la Rome antique, un grand écriteau sur lequel étaient affichés les chiffres de la bataille gagnée par le général victorieux. Brandit aux yeux de la foule, le but de cette démarche était, avant tout, d’informer les populations. Le terme de « titulus », ayant, peu à peu, évolué, a donné le mot actuel de « titre » ainsi que la fonction première qui lui était associée.
Ainsi, en tant que paratexte qui accompagne l’œuvre, de nombreux titres renvoient au texte