A quoi servent les voyages n
L’ intérêt pour la mobilité des siècles des Lumières est de faire une histoire de la mobilité dans des siècles perçus comme ceux de l’immobilité par notre époque où l’on peut se déplacer n’importe où, n’importe quand et très vite. Mais cette vision n’est qu’occidentale. En effet, les deux tiers des voyageurs actuels sont issus des pays développés, Europe et Etats-Unis en tête, qui ont les moyens de se payer cette mobilité qui apparemment est celle de tous. Comment entre cette société traditionnelle et notre monde moderne avons-nous acquis des modes de mobilité sans frontières et sans obstacles ?
La mobilité ancienne est en partie liée à l’invention de la figure du commis voyageur dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. A partir de cette époque, la production n’est plus locale et fixée à une clientèle proche : les produits vont aller aux clients. C’est dans le domaine de la porcelaine en Angleterre que la communication de la vente prend son essor, avec ces démarcheurs qui font du porte à porte pour vendre la porcelaine nécessaire à la consommation du thé, qui est alors très en vogue et qui va transformer la société anglaise. Ce sont de petits faits qui modifient l’histoire.
Qui bouge, pourquoi et où bouge-t-on dans ces siècles des Lumières ?
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, 80 à 90% de la société est paysanne et coincée dans des liens locaux, avec une volonté faible de partir. Pour Pascal, tout le malheur de l’homme vient "de ce qu’il ne sait pas rester dans sa chambre" ! C’est ainsi une société qui se conçoit fixée par rapport à la localisation de sa terre, par rapport au foncier, dans un mode où l’absence de communication est de règle : ce sont autant de limites à la circulation. Alors, pourquoi dépasser ces horizons immobiles pour une série d’horizons lointains ? Le meilleur exemple d’étude est le Voyage, le Grand Tour, qui a donné naissance à un genre littéraire en soi avec des milliers de publications de récits de voyage.