A. rimbaud ville illuminations (1873)
Je suis un éphémère et point trop mécontent citoyen d'une métropole crue moderne parce que tout goût connu a été éludé dans les ameublements et l'extérieur des maisons aussi bien que dans le plan de la ville. Ici vous ne signaleriez les traces d'aucun monument de superstition. La morale et la langue sont réduites à leur plus simple expression, enfin ! Ces millions de gens qui n'ont pas besoin de se connaître amènent si pareillement l'éducation, le métier et la vieillesse, que ce cours de vie doit être plusieurs fois moins long que ce qu'une statistique folle trouve pour les peuples du continent. Aussi comme, de ma fenêtre, je vois des spectres nouveaux roulant à travers l'épaisse et éternelle fumée de charbon, - notre ombre des bois, notre nuit d'été ! - des Erinnyes nouvelles, devant mon cottage qui est ma patrie et tout mon cœur puisque tout ici ressemble à ceci, - la Mort sans pleurs, notre active fille et servante, et un Amour désespéré, et un joli Crime piaulant dans la boue de la rue.
Dans ce texte, A. Rimbaud parle de Londres.
Cette ville est non seulement une ville ordinaire, croisement d'innombrables êtres humains à l‘air cosmopolite, mais aussi une ville triste, on y meurt dans la plus totale indifférence. Nous sommes très loin d'entrer dans les splendides villes qui devaient fournir l'inspiration au poète en lui servant de modèle mais on arrive à la désillusion, à la mort, à l'antre de