C'est la consommation précoce de cannabis qui est dangereuse
Le Monde.fr | 02.01.2014 à 15h42 | Propos recueillis par Laetitia Clavreul
Comment parler du cannabis, notamment aux jeunes ? Certains multiplient les alertes sur ses dangers alors que d'autres appellent à la dépénalisation d'une drogue qui s'est banalisée. Dans Le Monde daté du 2 février 2013, le psychiatre Amine Benyamina, responsable de l'unité d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne), appelle à trouver un discours commun entre médecins.
Avec 39 % des 15-16 ans ayant expérimenté le cannabis, la France arrive en tête en Europe. Comment cela s'explique-t-il ?
Pour comprendre pourquoi nous en sommes là, il faut explorer bien des pistes. D'abord, la France est cosmopolite. C'est un brassage de populations dans lequel chacun est venu avec sa culture, notamment du Moyen-Orient, du Maghreb et d'Afrique. Le cannabis, même s'il n'est pas comme le vin ancré historiquement dans sa culture, fait partie des apports dont la France est le réceptacle. De plus, l'Hexagone est coincé entre deux vastes zones de consommation et de commerce. Le Maroc et les Pays-Bas.
Il faut ajouter une piste sociétale. Dans ce pays de débats, le cannabis est un point de clivage politique, comme la peine de mort ou le mariage gay. En fonction de sa position - pour ou contre la dépénalisation -, on est situé à gauche ou à droite. Mais le fait que ce produit soit intéressant pour le débat d'idées empêche de trouver une position consensuelle.
De quand date ce clivage ?
De l'après-Mai 68. Le cannabis est alors élu comme un produit qui permet une certaine liberté, et de flirter avec l'interdit en contestant l'ordre établi, mais sans le détruire.
Y a-t-il d'autres raisons ?
Il faut regarder du côté des fumeurs qui posent problème : les adolescents. Depuis quelques années, ils ont choisi le cannabis pour s'opposer à leurs parents et à leur drogue, l'alcool.
Il y a enfin la part d'"élection