L'engagement peut adopter des moyens moins explicites et passer par des formes littéraires non consacrées. Les auteurs peuvent faire passer des messages et défendre une cause sous le voile de la fiction, grâce aux détours de l'ironie. Mais l'implicite comporte toujours des risques. La fiction créée une complicité entre l'auteur ou ses personnages avec le lecteur et permet ainsi le divertissement. Elle est souvent au service d'une démarche argumentative efficace où la prise de position de l'auteur peut être implicite. Ainsi, La Fontaine met en scène dans les Fables des animaux personnifiés pour instruire les hommes, dans "Le Loup et le Chien", il se sert de l'apologue pour dévoiler une morale. Ces textes sont très courts, ce qui permet de les appréhender plus facilement. Le voile de la fiction est aussi un masque. C'est un bon moyen, pour un auteur de diffuser ses idées et défendre sa thèse tout en évitant la censure. Du XIV au XVIIIe siècle, l'expression n'étant pas libre, il est difficile de critiquer le pouvoir et les institutions sans s'exposer à des risques importants. La fiction permet de contourner plus facilement la censure, car au premier abord, le texte paraît inoffensif. C'est ainsi que dans Candide, Voltaire critique et lutte contre la guerre, la superstition et l'esclavage. Le discours ironique repose sur l'implicite puisque l'auteur dit souvent le contraire de ce qu'il pense réellement. Dans L'esclavage des nègres, Montesquieu feint de défendre l'esclavage et de prendre parti pour les esclavagistes afin de mieux montrer que leur thèse est injustifiable et absurde. En tenant des propos antipathiques, il discrédite les thèses qu'il semble soutenir. L’usage de l'implicite peut cependant comporter des risques d’interprétation. En effet, c'est l'intelligence du lecteur qui est appelée à fonctionner pour que le vrai sens du texte soit perçu. Le degré de compréhension varie en fonction des connaissances du destinataire, il doit être capable