J’ai tué, Cendrars

Introduction De son vrai nom, Frédéric-Louis Sauser, Blaise Cendrars est un écrivain suisse qui sera naturalisé français. Il nait en septembre 1887 et meurt en janvier 1961. Quand la guerre éclate, il s’engage dans l’armée française et est affecté à la légion étrangère. Il sera gravement blessé à la main droite lors d’une bataille en Champagne et il sera amputé le 28 septembre 1915. Avec la perte de sa main, il délaissera la poésie un moment avant d’y revenir en 1917. Il publie en 1918, J’ai tué, dans une édition illustrée par Fernand Léger.
Lecture du texte
Ce texte est un court récit en prose dont le thème principal est la guerre et sa réalité. On peut distinguer deux mouvements : d’une part, un premier mouvement qui avance les réflexions du narrateur sur les bouleversements qu’apportent la guerre, et d’autre part, un second mouvement où l’on peut voir apparaitre la réalité cruelle du front.
Quelles sont les conséquences de la guerre à l’échelle mondiale ? Dans la vie d’un seul homme ?

I) La guerre bouleverse les mœurs et le monde (ligne 1 à ligne 32)

L’emploi de la préposition « voici » nous montre le narrateur adoptant une posture d’attente dans un climat violent souligné par l’emploi du champ lexical de l’armement « eustache ». A cette ouverture in medias res, suit une vue d’ensemble sur les conséquences de la guerre dans la vie quotidienne des civils. On remarque que le narrateur souligne à plusieurs reprise l’inversement des rôles attribués aux individus dans la société : les femmes font le travail des hommes puisqu’elles travaillent dans les usines, les ouvriers quant à eux œuvrent dans les mines, hommes et femmes ont des tâches ambigües : « des mains d’hommes et des mains de femmes ont fabriqué tout ce que je porte sur moi ».

Le conflit est présenté comme un conflit impliquant la population mondiale. Cette implication n’est pas nécessairement dans leur intervention sur le champ de bataille mais dans le fait que