L'africain de jean-marie le clezio: quand l'histoire avec un petit "h" rejoint l'hisotire avec un grand "h"
D’emblée, de par son histoire à lui, comment Le Clézio pourrait-il échapper à l’histoire avec un grand « H » ? Déjà la biographie de l’auteur se lit comme un manuel scolaire d’histoire : ses ancêtres, à l’origine de source bretonne, s’exileront, mais pour y rester, vers l’île Maurice, une colonie française qui passera bientôt en mains britanniques. Les Français mauriciens alors Anglais se retrouvent dès lors doublement exilés: ni vraiment français de France, ni plus français dans l’île. Ils maintiendront pourtant leur langue et leur culture, plus tout à fait « chez eux et loin de la mère-patrie ». Ensuite vient s’ajouter au patrimoine de l’enfant Le Clézio un père de facto britannique mais francophone de coeur, qui choisira encore une fois l’exil, d’Angleterre vers l’Afrique cette fois. Bousculé par les grands bouleversements historiques de son époque, ce père reviendra « au pays », qui en somme n’aura jamais été sa patrie, bien trop empreint de cette Afrique noire pour vraiment être capable de revivre comme un blanc, à l’occidentale. Enfin, comme toile de fond à l’histoire de famille, nous avons les événements majeurs de l’Histoire : le monde sort à peine des traumatismes de la dite « Grande Guerre », pour sombrer dans les conflits des colonies, subir le « crash de 1929 », vivre l’avènement du Nazisme, péricliter dans la Deuxième Guerre mondiale, et ensuite se voir témoin des maintes guerres d’indépendance dans les colonies. Le Clézio a, au sens brut du terme, voyagé, vu du pays. Que l’on ne s’étonne pas dès lors, de découvrir chez l’auteur une dualité à plusieurs niveaux, une multiplicité culturelle, un caléidoscope identitaire, et entrevoir dans L’Africain une sorte de caméléon, mais au caractère ô combien universel.
L’événement « charnière » de l’histoire familiale relatée dans L’Africain semble être ce « fatal jour de 1919 » (page 57), une date déterminante mais insolite :