L'albatros
Introduction
En 1857, Charles Baudelaire publie « Les Fleurs du Mal » qui est accueillit par un procès pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». En 1861, Baudelaire procède à une seconde publication dans laquelle il insère la section « Tableaux parisiens » en deuxième position, ce qui inscrit le recueil dans la modernité poétique. L’Albatros est la deuxième pièce de la section « Spleen et Idéal ». Dans ce poème, constitué de quatre quatrains d’alexandrins à rimes croisées, Baudelaire raconte la capture des albatros par les marins et les tortures qui lui sont infligées. Il en fait l’emblème de la condition du poète, ce qui l’inscrit dans le mouvement inaugural de la section et illustre ce vers du poème « Bénédiction », « et font laissés sur lui les faits de leur férocité ».
Lecture
Je me propose de lire le texte.
Problématique
En quoi ce poème rend compte de la douloureuse condition du poète ?
Axes de réponse
On peut étudier ce texte selon deux perspectives. La première retrace le récit des souffrances infligées à l’albatros, et la seconde met en évidence l’allégorie de l’oiseau-poète.
I. Le récit des souffrances infligées à l’Albatros
A). Le cadre
* Baudelaire accorde une prépondérance à dessiner ce cadre, qui est celui des océans lointains où règnent l’harmonie et la paisibilité, et qui souligne le contraste entre un espace harmonieux et immense et la férocité des humains. Ce paysage est porté par le champ lexical de la mer, à la rime du premier quatrain (exemples). L’atmosphère harmonieuse est soutenue par des allitérations en liquide [l] et [r] (exemples) ainsi qu’en sifflante [s] et [z] (exemples). Ces allitérations sont également soutenues par l’emploi du tétramètre au vers 4, qui rend compte de l’écoulement des eaux. Cette atmosphère de nonchalance est soulignée par des assonances en nasales [an] et [on] (exemples). * Le cadre du récit se rétrécit au vers 5 « les planches », qui est