L'amant, marguerite duras
Introduction –
L’Amant de Marguerite Duras est une autofiction, un roman autobiographique daté de 1984, relatant l’enfance de l’auteure dans les colonies d’Indochine. Avec cet écrit, ce sont les aventures de la jeune fille qu’elle était, vues par la femme de 70 années qu’elle est au moment de la rédaction, qui sont contées. Entre confessions, souvenirs et inventions, détournement ou transformations, Duras nous fait plonger dans les méandres de sa mémoire décousue dont le centre est cette rencontre avec un homme Chinois, élégant, plus âgé, qui lui fait découvrir le plaisir destructeur d’un amour charnel. Le passage contient trois mouvements principaux ; le premier des lignes 1 à 20 où les personnages se découvrent, apparaissent l’un à l’autre ; le second des lignes 21 à 38 où s’enclenche un dialogue rapporté ; et le troisième des lignées 38 à 44 où la jeune fille accepte de suivre l’inconnu.
LECTURE
En quoi la scène de rencontre décrite par Duras s’apparente-elle à une écriture romanesque ?
Plan – I. Les marques du roman. 1) Le « je » délaissé. 2) Un style descriptif. 3) Une volonté de réalisme. II. Des personnages romanesques. 1) La notion raciale. 2) Les oppositions fatales. 3) L’aspect prophétique.
I. Les marques du roman. 1) Le « je » délaissé.
Contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre, le passage est écrit à la troisième personne du singulier. L’auteure se définit comme étant « la jeune fille » ou « elle », jamais de façon nominative, jamais de façon personnelle, avec une volonté de détachement bien différente des autobiographies. C’est là la première marque de ce qui devient ainsi une autofiction. A la réalité se mêlent des souvenirs, avec un regard qui se veut le plus extérieur et objectif possible. Duras porte un regard neutre sur cette rencontre pourtant extrêmement marquante dans son existence et qui mènera à l’écriture de cette œuvre. 2) Un style descriptif.