L'amour-propre
Lorsqu’on attribue un défaut qui nous semble évident à quelqu’un, on ne se rend pas toujours compte qu’il s’agit de notre propre vice que nous projetons sur autrui. Les gens que nous jugeons sont des miroirs qui nous renvoient nos défauts, ce que nous avons tendance à ignorer. En réalité, lorsqu’on parle des défauts d’autrui, on révèle du même coup les nôtres. Ainsi, dans « Sa Majesté des Mouches », de William Golding, le petit Porcinet est raillé par les autres enfants. Ralph et Jack, plus d’une fois, le traitent de trouillard. Mais en réalité, ce qu’ils n’osent avouer, c’est qu’eux aussi ont peur. Alors ils projettent leur peur refoulée sur Porcinet. C’est ainsi que fonctionnent les êtres humains. La capacité que nous avons à trouver les défauts d’autrui nous fait croire que nous ne sommes pas concernés ; puisque nous les avons trouvés, c’est donc que nous ne pouvons pas les posséder ! Ainsi, dans le livre de Golding, tous les enfants voient Ralph et Jack comme leurs sauveurs, et Porcinet comme un poltron, alors que tous sont aussi terrorisés les uns que les autres. Mais en projetant leurs craintes sur Porcinet, les deux enfants ont réussi à faire croire, même à eux-mêmes, qu’ils ne sont pas des trouillards. Ainsi