l'animal-machine
AUX XVIIe et XVllle SIECLES
En 1637, dans son "Discours de la méthode", Descartes propose une théorie nouvelle: celle de l'animal-machine, par laquelle il explique tous les mouvements de J'animal, à l'aide des lois générales de la mécanique.
Pour lui, les objets font impression sur les organes des sens, qui transmettent cette impression au cerveau; celui-ci libère, alors, les esprits des animaux, qui se répandent dans les muscles, pour les déployer ou les contracter, ce qui provoque l'ébranlement de l'animal. Il n'est, donc, plus qu'une machine, composée de rouages, ressorts et fluides divers, qui ne marche que si elle est remontée et ne produit tel mouvement que si tel ressort est actionné.
Cette théorie cartésienne a pour fondement philosophique la distinction radicale entre l'âme spirituelle, immortelle, siège de la pensée et le corps défini par l'étendue et le mouvement. Entre les deux, il n'y a pas de place pour une âme inférieure, c'est à dire matérielle et mortelle, comme le soutient la philosophie scolastique, qui l'attribue aux animaux; car pour
Descartes, pensée et matière sont radicalement 'différents; or, le signe caractéristique de la pensée étant le langage, le philosophe dénie, donc, cette faculté aux animaux, les range du côté de la matière, les décrit comme des machines.
Pourtant, si Descartes est bien 'le théoricien du concept de l'animalmachine, celui-ci est commun à nombre d'intellectuels de l'époque. Ainsi, le père Mersenne ,a recours, dès 1633, donc avant Descartes, à l'image
..Professeur
agrégé d' Histoire.
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de l'horloge pour expliquer les actions des animaux.
Cette simultanéité dans l'énonciation du concept de l'automatisme des bêtes prouve qu'il est à replacer dans le contexte philosophique et scientifique du XVIIe siècle, marqué par j'idée de mécanisme: la mécanisation de l'univers, partie du ciel avec Galilée, s'étend à toutes les composantes de la Création: