L'animal
Revenons à la question du bonheur. En général le Grec vante la félicité du dieu : ""impassible, incorrutible, bienheureux". C'est reconnaître que ce bonheur là est inaccessible, tout en fournissant une sorte de modèle idéal ("Homme mortel au mileu des biens immortels" dira Epicure). Idéal trop lontain pourtant, plus formel que réel. A l'inverse une autre tradition cherche le bonheur du côté de l'animal, comme Diogène, et Pyrrhon à sa manière, qui vante l'insensibilté du porc sous l'orage, et fait profession d'enseigner la philosophie à ses gorets! Que nous voilà aux antipodes de Socrate et Platon!
La critique kunico-pyrrhonienne revient, en somme, à chercher la cause du malheur dans la conscience, en accord avec nos propres interprétations du tragique. L'animal est heureux d'un bonheur sans mélange parce qu'il ne pense pas. Il se contente de sentir, de percevoir, de lutter pour sa survie, de manger, de forniquer et de mourir, dans le simple appareil de nature, sans trouble ni espérance. Il est tout entier en