L'apprentissage de la lecture
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Jean Emile Gombert
Compétences et processus mobilisés par l’apprentissage de la lecture :
Pour lire, il faut visuellement prendre de l’information sur le texte, il faut reconnaître les mots et traiter les phrases et les textes. Ces processus mobilisent en partie des capacités qui se sont développées en amont de l’apprentissage de la lecture (perception, mémoire, catégorisations, traitements linguistiques, compréhension) et en partie le fruit d’apprentissages spécifiques au traitement de l’écrit. Ces quelques pages ne visent pas à en faire un exposé systématique mais à dégager quelques processus et compétences dont la recherche scientifique affirme l’importance dans l’apprentissage et qui, pour cette raison, ne peuvent être ignoré (ou dénié) par le pédagogie.
L’exploration visuelle
Il est bien évident que la lecture suppose la perception visuelle des mots qui seront lus.
L'analyse fine des mouvements oculaires du lecteur habile a révélé que celui-ci, contrairement à ce que l'on avait cru pendant longtemps, regarde successivement presque tous les mots écrits. Son oeil les fixe de telle sorte que la plupart des lettres puissent être perçues. Les caractéristiques de fonctionnement de nos organes sensoriels visuels rendent absolument indispensables ces fixations successives, l’oeil ne pouvant voir ce qui est trop éloigné du point fixé.
Même si le lecteur lui-même n’en a pas conscience, ce fait est scientifiquement établi : on ne peut pas bien lire sans fixer presque tous les mots. Il y a une impossibilité physique pour les instruments sensoriels que sont nos yeux à percevoir l’intégralité de la chaîne écrite en fixant un mot sur six ou sept. Les progrès réalisés au cours de l’apprentissage n’y changeront rien : si les élèves procèdent en moyenne à deux fixations oculaires par mot au deuxième