L'architecture, le temps, la ville
Série L'Oeuvre et le temps (IV), analytique
Stéphane Gruet
Editions Poïseis – AERA, 2003
Stéphane Gruet est architecte, docteur en philosophie, rédacteur en chef de la revue Poïesis, fondateur et animateur de l’AERA (Actions, Etudes et Recherches autour de l’Architecture) et du Centre Méridional de l’Architecture et de la ville (Toulouse).
ARCHITECTURE
- Négation du temps : nos architectures actuelles ne savent plus vieillir parce qu’elles nient le temps.
Elles sont la représentation d’une perfection idéale et intemporelle (similitudes avec les images de synthèse). On dissimule toutes traces du processus de réalisation jusqu’à obtenir une représentation d’idées, de concepts.
- Vestiges architecturaux : chargés de sens, évoquent une époque révolue.
- Constructions récentes : pas de sens car atemporelles (négation du temps ≠ intemporalité : dépassement du temps), pas de traces de l’action de l’Homme.
- Simulation du temps : nostalgie des formes et des savoirs / savoir-faire du passé, industrialisation qui imite les irrégularités d’un artisan. « Elles nous font l’effet d’un jeune homme qui se maquille en vieillard pour avoir l’air plus digne » (p.90)
VILLE
- Définition : oeuvre collective, unique et imprévisible, oeuvre du temps.
- Fabrication actuelle : elle n’est plus à même de répondre aux aspirations et à la complexité croissante de nos sociétés urbaines à cause de : maîtrise rationnelle (rationnel = intemporel) & planification (réduit la réalisation à une simple exécution, comme à l’échelle architecturale). Le paysage urbain est déterminé par des réglementations (POS, PLU, zones, prospects, alignements, gabarits) qui engendrent une discontinuité et une destruction de la forme urbaine.
Le mode de développement de type organique de la ville n’est plus possible.
- L’unité de la ville : tient au processus continu de son développement dans le temps.
- Formes : autrefois l’incarnation de leur histoire,