L'argent et la société
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Par Carine HADDAD | 08/10/2009
Interview avec Miled Abou Jaoudé, professionnel de l’éducation et du social.
Quel est le rapport des jeunes à l’argent ?
Ils sont de plus en plus attirés par l’aspect matériel. La comparaison est toujours présente et ils la poussent au point de devenir prisonnier de la mode, de produits de luxe, de belles voitures, etc. même si tous ne peuvent supporter la vie qu’ils mènent. Mais se sentir accepté par les autres, ou même supérieur, est pour beaucoup une priorité. Leur pouvoir d’achat détermine, d’une certaine façon, leur statut social.
La pression sociale est-elle forte sur les jeunes les moins aisés ?
Ce sont les parents, les médias, les groupes de pairs qui influent sur le jeune, sur son caractère, en lui envoyant des signes sociaux en rapport avec son entourage. Les jeunes ont tendance à se comparer et à vouloir s’identifier aux autres ; la classe moyenne ou inférieure regarde vers celle de la « norme » riche.
Plus largement, comment évolue la place de l’argent dans la société libanaise ?
On vit dans une société de consommation par excellence. L’argent organise la société. Aujourd’hui, les gens sont comme ce businessman qu’avait évoqué Saint-Exupéry dans son livre Le petit prince ; celui-ci collectait les étoiles sans jamais savoir pourquoi. À leur manière, les jeunes courent après l’argent, pour en avoir et en dépenser plus. L’argent demeure un besoin primaire, ce qui est à long terme une idée autodestructive.
Quelles sont les conséquences de cette « toute-puissance » de l’argent ?
La consommation est liée au rapport à la réalité. L’argent devrait être un moyen pour s'assurer un bon avenir, et non un objet de prestige. Il doit être un moyen, non une finalité.
Le troc a précédé la monnaie avant de quasiment disparaître. Au début, certaines marchandises ont servi de référence pour troquer. Exemples : un bovin, un coquillage, une hache métallique, un