L'art, dit Paul Klee, ne reproduit pas le visible ; il rend visible.
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« L'art, dit Paul Klee, ne reproduit pas le visible ; il rend visible. » Si l'art reproduisait ce qui se présente à nos yeux il serait une copie de ce que nous voyons ordinairement. On retrouve là l'idée traditionnelle de l'art comme imitation de la nature. Mais cette idée traditionnelle n'est peut-être pas si claire car il s'agissait d'imiter la nature comme Cosmos. Or l'idée de cosmos renvoie à l'idée de parure et donc à une idée esthétique. L'art serait donc aussi du côté de cette nature conçue comme cosmos. Voilà qui complique la question de l'imitation. Si les enfants, du reste, s'identifient à leurs parents en les imitant nous constatons bien que cela ne les empêche pas de différer de leurs parents et de leur dire « non ! »... Mais comment imiter la nature si l'être n'est pas donné à l'origine ? Si l'être n'est pas donné à l'origine l'idée métaphysique de nature comme réalité donnée de toute éternité est une construction seconde. C'est dire, comme le donne à penser le mythe de Prométhée et d’Épiméthée, que c'est l'art, la tekhnè comme manifestation du « génie créateur » des mortels qui naissent sans qualités qui ouvre un monde au double sens de l'ouvrir et de l'ouvrer. Cette ouverture est un dévoilement et donc venue à la présence de tout ce qui compose un monde. Cette ouverture est celle du jour qui se sépare de la nuit de l'origine et le monde est le lieu de notre séjour. Reste à penser la possibilité de cet apparaître de l'être dont chaque œuvre est un événement singulier. Mais si l'être est « rien », puisqu'il n'est aucune chose, vient la pensée que le visible n'est pas l'opposé de l'invisible mais que l’invisible se rend visible. Et l'art serait l'élément de l'être en tant qu'il se rend visible. Mais qu'est-ce qui rend visible sinon la lumière ? L'art ne reproduirait pas le spectacle extérieur des choses comme objets, il serait