L'avare

580 mots 3 pages
Une comédie sombre
Avec l’Avare, on pense d’abord au registre comique si l’on s’en tient à l’énormité du propos, à cette exagération qui interdit au personnage d’exister dans la réalité. La pureté du type, le condensé des vices le conduisent à n’être qu’un produit du laboratoire littéraire. Ce parti pris est rassurant pour le spectateur qui voit en lui un repoussoir ridicule pour tenter de moraliser les relations sociales, tout particulièrement le conflit des générations entre parents plus qu’économes et jeunesse qui aspire à vivre sans compter. Les gesticulations, les invraisemblances, la caricature, la fin heureuse, les rôles conventionnels, les formules et les jeux de mots2 qui émaillent le texte démontrent assez la volonté comique et l’art scénique de Molière.
Pourtant, le dramaturge vieillissant peut aussi avoir voulu expurger les tentations de la sénilité : cette baisse de la vitalité qui vient ronger secrètement le dynamisme et la confiance, cette crainte de perdre son identité (lorsque l’avoir remplace l’être), cet effroi infantile de manquer, cette peur de la solitude et du néant qui conduisent à des comportements aberrants. À l’heure où il va falloir bientôt tout quitter, certains s’agrippent et s’épuisent désespérément. Molière a mis beaucoup de son expérience dans le vieillard effrayant que nous rencontrerons peu ou prou à un certain moment de notre existence.

Harpagon est-il donc ce vieillard gesticulant, menaçant, excessif et ridicule ou bien ce petit homme triste, s’effondrant sur lui-même, perdant le sens de la réalité pour s’enfoncer dans une solitude glacée3 ? Pour Molière, sans doute les deux. Sans ignorer parfois la voie de la compassion telle qu’a pu l’envisager Bernanos qui écrivait : « Tous les péchés capitaux ensemble damnent moins d’hommes que l’avarice et l’ennui. », Molière a choisi plutôt celle de la dérision dans une comédie amère. Si elle est éclairée par la rébellion de la vie dans de francs éclats de gaieté, la pièce reste grise

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