L'emia,, un choix d'avenir?
Objet de plusieurs sollicitations concernant mon point de vue sur l'EMIA, j'ai choisi de rédiger ce court document résumant mon analyse personnelle des évolutions touchant notre école d'origine. Cette présentation sans complaisance m'expose sans nul doute à des réactions que je souhaite ardemment. Je pense en effet qu'un vrai débat doit être lancé au sein de l'Epaulette et au-delà sur la place de nos recrutements internes et contractuels exposés à des mesures d'ores et déjà préjudiciables à la préservation de la valeur reconnue du corps des officiers de notre armée de Terre.
UNE LENTE DERIVE
Après la seconde guerre mondiale, la formation des officiers s’est rapidement structurée au sein de l’ESMIA1 regroupant les saint-cyriens (ESM) et les officiers issus des écoles d’arme (IA). Des promotions comme la "Nouveau Bahut" (1945-1947) symbolisent aujourd’hui encore cet amalgame dont la richesse a porté nos officiers en Indochine, en Algérie dans des conditions que peu d’autres armées occidentales auraient été capables de surmonter. En 1962, une logique analytique toute française –les dividendes de la paix (déjà !) reprenant leurs droits- sonne le glas de ce creuset pour donner naissance à deux entités : l’ESM historique et l’EMIA nouvelle. Dès lors, la fissure partiellement contenue pendant quatre décennies par des liens résiduels et des règles de gestion: admission de "cornichons"2, ouverture aux ORSA3, ne pouvait que s’élargir à terme. D’autant que le discours laissait déjà poindre des concepts nouveaux pour notre institution : grand corps, corps de direction et corps d’exécution. La fascination pour le monde civil et plus particulièrement celui de l’entreprise, le besoin de trouver une nouvelle image dans une société en mouvement, le retour de la prééminence des administrations centrales sur les états-majors opérationnels, ont fait progressivement oublier le caractère si particulier du métier de soldat dont les vraies valeurs se forgent