L'empire et ses contributions
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« Fin d’empire », au singulier, surprendra peut-être ceux qui ont suivi le feuilleton estival du journal Le Monde, publié ensuite en recueil, sous le titre Fins d’empires . Il s’agissait de contributions d’historiens, adaptées à l’écriture journalistique, passant en revue les innombrables fins d’empires qui ont jalonné l’histoire mondiale, de l’Antiquité au XXe siècle, fin de l’URSS comprise. L’une des grandes références à l’horizon de cet ouvrage était alors l’incontournable Tout empire périra de J.-B. Duroselle . Quel est l’intérêt de reprendre la question aujourd’hui et de la resserrer, en se consacrant uniquement à la fin de l’URSS, officiellement intervenue en décembre 91 ? N’est-ce pas faire double emploi avec les nombreuses manifestations et publications par lesquelles la communauté scientifique a célébré le vingtième anniversaire de la Chute du Mur de Berlin ? L’expression « Fin d’empire » ne convoque pas exactement la même réalité (ne fût-ce que chronologique), ni les mêmes idées politiques, ni le même imaginaire que celle de la « Chute du Mur » : elle renvoie à une durée autant qu’à un événement, à un Etat trans- ou multinational (pour ne pas reprendre la phraséologie soviétique de l’internationalisme) par opposition aux Etats-Nations, et à un imaginaire richement illustré dans les lettres et les arts, depuis l’Antiquité, avec le paradigme essentiel de la fin de l’Empire romain, non seulement parce que de nombreux empires se sont réclamés de son héritage (IIe, IIIe Rome...), mais parce qu’il a suscité quelques unes des analyses fondatrices de notre réflexion sur l’Histoire (Montesquieu, Gibbon) . C’est la spécificité de cet imaginaire que nous souhaitons interroger dans le domaine de la littérature, du théâtre et du