L'encyclopédie
« Le siècle passé a mis celui où nous sommes en état de rassembler en un corps et de transmettre à la postérité le dépôt de toutes les sciences et de tous les arts, tous poussés aussi loin que l'industrie humaine a pu aller ; et c'est à quoi a travaillé une société de savants remplis d'esprit et de lumières. Cet ouvrage immense et immortel semble accuser la brièveté de la vie des hommes. Il a été commencé par M. Diderot et d'Alembert, traversé et persécuté par l'envie et l'ignorance, ce qui est le destin de toutes les grandes entreprises. »
On ne peut trouver meilleure présentation de l'Encyclopédie que celle de Voltaire dans Le Siècle de Louis XIV : il fait de cette œuvre, à juste titre, le symbole du savoir éclairant et militant.
II- Les origines du projet
Le projet initial n'avait pas l'ampleur que l'entreprise prit par la suite : il ne s'agissait que d'une traduction. En 1745, en effet, André François Le Breton, imprimeur libraire à Paris (nous dirions éditeur de nos jours) obtient un privilège royal pour la publication d'un Dictionnaire universel des arts et des sciences. Le titre est celui du dictionnaire encyclopédique de l'Anglais Chambers, dont la première édition remonte à 1728 et la cinquième à 1742. Le Breton souhaitait en publier une version française, dont il confie la traduction à Diderot en 1747.
À partir de ce moment, le projet se modifie. Diderot, aidé par d'Alembert pour la partie technique, envisage une œuvre résolument nouvelle, dont il précise les caractéristiques avec le Prospectus de l'Encyclopédie (1750). Il s'agit de dresser un bilan organisé des connaissances et de brosser « un tableau général des efforts de l'esprit humain dans tous les domaines et dans tous les siècles ». Le titre retenu, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, souligne non seulement le gigantisme du projet, par le nombre de domaines mais aussi ses difficultés. Le terme « raisonné » doit en