Le poète nous fait ici la description d'un paysage foisonnant et vivant, où les éléments s'allient entre eux.

C'est d'abord la terre et la mer qui semblent fusionner car dès les premières lignes, on se rend compte qu'elles sont intimement liées. Le titre à lui seul est évocateur puisque le mot « escale » désigne le lieu (ou le moment) où les bateaux s'amarrent à la terre pour se ravitailler, embarquer ou débarquer des passagers. Ce lieu constitue donc un point de jonction entre ces deux domaines, puisque le navire, tout en restant sur l'eau est relié au sol.

Cette union est d'ailleurs mise en relief dans la première strophe lorsque l'auteur évoque cette odeur qui mêle « l'algue et la rue ». Dans cette expression, Supervielle souligne le lien terre - mer par la conjonction de coordination « et » qui met les deux mots sur un même plan. De la même façon, dans la strophe suivante, il est question des « femmes de la mer » ; sans aucun doute, il s'agit des femmes des pêcheurs mais cette expression nous fait plutôt penser à des sirènes qu’à des créatures terrestres, comme si le déterminant « de » marquait l'origine, le lieu d'où sont issus ces personnages. Enfin, ce lien entre l'espace terrestre et l'espace marin est encore renforcé 'par l'emploi de verbes appartenant au domaine de l'eau. Supervielle parle en effet du « feuillage [qui] déborde », du plaisir qui « coule » ou des passants qui « stagnent ». Ces trois verbes sont associés à des êtres humains ou à des éléments terrestres alors qu'ils sont habituellement utilisés pour parler d'un liquide.

L'union se retrouve aussi à une plus large échelle au niveau des quatre éléments : l'eau, la terre comme on vient de le voir, mais aussi le feu et l'air sont omniprésents dans ce poème. L'air est représenté par le vent évoqué au vers 2 qui caresse les « blancheurs [des] terrasses », peut-être les lessives qui sèchent à côté des maisons ; le feu quant à lui, c'est le soleil dont on peut mesurer la course tout au long