L'espagne sur tout les tableaux
Sadi Lakhdari Professeur à Paris IV-Sorbonne Directeur de publication d’Outre-Terre
L’Espagne, comme le Portugal et l’Irlande, a fourni un exemple d’intégration réussi dans la Communauté puis dans l’Union Européenne. Alors que l’on doutait dans les années 70 qu’elle puisse même poser sa candidature, elle a su non seulement se transformer en profondeur pour se rapprocher des normes économiques, sociales et politiques européennes, mais elle est devenue un acteur important de la construction européenne. Selon l’observateur Wolfgang Wessels, l‘Espagne fournit un modèle possible pour beaucoup de pays d’Europe de l’Est[1]. Mais il souligne également que la position centrale occupée par ce pays dans les institutions européennes est aujourd’hui mise en péril par l’action de certains de ses dirigeants. C’est aussi la crainte d’une marginalisation que traduit la presse espagnole, la gauche accusant José María Aznar, l’actuel Président du conseil, d’une perte d’influence en Europe, car il y a longtemps « qu’il a choisi les USA au détriment de l’Union européenne »[2]. Le renversement des alliances traditionnelles, manifeste depuis la guerre d’Irak, prélude-t-il à un désengagement dans une Europe élargie ou bien n’est-il que péripétie liée aux avatars de la vie politique intérieure espagnole ? Pour répondre à cette question, il faut remonter aux précédents élargissements et en particulier à celui de 1995 : Suède, Danemark et Autriche. Bien que favorable à cet élargissement, l’Espagne était le pays le moins enthousiaste : 70 % de la population l’acceptait contre une moyenne européenne de 79 % en 1993. On craignait entre autre et surtout que le centre de gravité de l ‘Europe ne se déplace vers le Nord et l’Est, ce qui relèguerait le pays dans une situation périphérique et marginale. Voilà pourquoi déjà le gouvernement socialiste de Felipe González avait demandé une réforme des