L'etat et la question sociale. le cas de l'egypte.
L’exemple de la crise alimentaire en Egypte.
L’Egypte est un don du Nil, certes, mais que serait-elle sans ses paysans ? Ce sont bien eux qui depuis des millénaires façonnent le paysage de la vallée du Nil. Ce sont eux aussi qui contribuent à nourrir une population qui a connu une transition démographique brutale: de 25 millions d’habitants environ au début des années 50, cette population est passée à plus de 80 millions aujourd’hui.
Malgré leur contribution à l’histoire et au bien-être des hommes d’aujourd’hui, par les biens qu’ils produisent et les paysages qu’ils façonnent, les fellahs égyptiens ne semblent pas se trouver au cœur des priorités politiques récentes. Aussi, ils vivent bien souvent aux marges d’une société qu’ils ont pourtant portée et qu’ils continuent à servir. Ce sont eux qui souffrent les premiers de la pauvreté hydraulique et alimentaire. La pauvreté, quand elle affecte les campagnes, semble être ignorée par les pouvoirs publics. Mais, la révolte des assoiffés en 2007 a alerté sur le problème de l’accès à l’eau potable des populations. De même, la crise alimentaire de 2007-2008 a mis en évidence le degré de dépendance alimentaire de l’Egypte, et du même coup l’échec des politiques agricoles récentes.
Il apparaît que les politiques foncières et hydrauliques récentes ont contribué à diminuer l’accès des paysans à la terre et à l’eau. C’est la thèse d’Habib Ayeb, auteur de l’ouvrage «La crise de la société rurale en Egypte - La fin du fellah ? » (2010), pour qui les politiques mises en œuvre depuis l’Infitah (libéralisation) jusqu’à nos jours ont tendu à déposséder une grande partie de la paysannerie égyptienne de ses ressources productives.
Quel est le rôle de l’Etat dans les mutations qui ont conduit à la situation actuelle du pays, victime de sa dépendance alimentaire et proche de l’explosion sociale ?
I. La mise en contexte : l’évolution de l’Etat et les transformations importantes dans le