L'etranger de camus
Devant vous, cet homme, condamné à mort avant qu'il n'interjette appel de son jugement.
Condamné pourquoi? Vous l'aurez certainement lu dans la presse : 23 juin. Le procès de Meursault qui avait, en juillet dernier, assassiné sans raison un Arabe sur une plage des environs d'Alger, vient de se terminer. Meursault a été reconnu coupable de meurtre avec préméditation et condamné à mort.
Ce que je vais vous démontrer aujourd'hui, c'est que cet homme, accusé, a été victime de sa différence et par ce fait, stigmatisé par notre société!
Le Procureur en première instance a tenté de démontrer que Meursault a prémédité ce crime et qu'il a tué en pleine connaissance de cause, son attitude envers sa mère ayant pris dans l'esprit du Procureur, le pas sur le crime lui-même : Meursault est un monstre moral qui représente un danger pour la société. Le procureur a assimilé son crime à celui du parricide jugé le lendemain. Le président a demandé à mon client s'il avait quelque chose à dire, et, pour la première fois, Meursault a pris la parole, parce qu'il a eu« envie de parler ». Il a dit qu'il n'avait pas eu l'intention de tuer l'Arabe, et, a précisé que c'était à cause du soleil sans mentionner que son crime le dépassait…
Mon client est il un psychopathe, un monstre, c'est à vous de le décider. En toute objectivité.
Quoi qu'il en soit cet homme, qui plaide coupable, n'est soit qu'un personnage anti-social qui doit relever de la loi de défense sociale, soit un personnage trouble, différent, qui mérite une peine, certes, mais certainement pas la peine de mort.
Oui mon client a enterré sa mère sans larme mais est ce là le crime pour lequel il est jugé?
Est-ce que cet acte est ignoble? Que connaissez vous de son passé?
Quand nous voyons une chose comme elle est, nous n’éprouvons ni émotion ni excitation. Dans le cas contraire, nous commençons à affirmer ou à nier quelque chose avec passion. La passion dans l’affirmation