L'etranger
LECTURE ANALYTIQUE N° 6 : L’EXCIPIT DE L’ETRANGER
Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai pensé à maman. Il m’a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d’une vie elle avait pris un « fiancé », pourquoi elle avait joué à recommencer. Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s’éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman devait s’y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n’avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre.
Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
Problématique :
Axe Outil d’analyse Relevé Interprétation
II 3
II 3 imparfait L’usage dominant de l’imparfait semble faire durer de manière indéterminée ce sentiment de plénitude. L’instant présent s’étire pour Meursault, voire se mêle au passé (souvenirs de la fin de vie de sa mère).
III 3 Périphrase euphémisme des sirènes ont hurlé
Elles annonçaient des départs pour un monde où des vies s’éteignaient Un bruit rappelle l’imminence de la mort (« des sirènes ont hurlé »). Mais M ne perd pas son calme (« qui m’était indifférent »). D’ailleurs, la mort est évoquée à l’aide de périphrases (« Elles annonçaient des départs pour un monde ») et d’euphémismes (« où des vies s’éteignaient »), qui peuvent signifier qu’elle a perdu son caractère effrayant pour M et qu’il l’accepte, voire qu’il lui trouve une dimension bénéfique
III 2 Anaphore répétitions Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies