L'histoire est pleine de murs en ruine
1563 mots
7 pages
Récemment, Jean-Marc Sorel déclarait dans un entretien au Monde que l’Histoire était pleine de murs en ruines.[1] Je suis entièrement d’accord avec sa thèse, car selon moi, l’Histoire a vu la construction de très nombreux grands murs, mais également leur abandon, voire leur destruction, et ils ne subsistent aujourd’hui qu’à l’état de ruines. La notion de mur est cependant très vaste, je vais donc me limiter ici aux murs physiques, de pierres ou de béton, et uniquement ceux ayant pour fonction de séparer, de protéger ou de délimiter des territoires –le Mur des Lamentations, par exemple, qui est un mur de soutènement, ne fera donc pas partie de mon raisonnement. Je vais démontrer cette thèse au moyen tout d’abord d’exemples précis –le mur d’Hadrien, le mur de Berlin et les murs du ghetto de Varsovie- depuis les raisons de leur construction jusqu’à celles de leur ruine. Je considérerai également la symbolique importante du mur, qui montre qu’ils ne peuvent durer toujours. Je prouverai également aux plus sceptiques que les murs actuels, malgré leur apparente résistance, ne tiendront pas éternellement.
Commençons donc par revenir au IIe siècle avant notre ère. L’empire romain s’étendait alors jusqu’au nord de l’Angleterre. Pour défendre cette frontière stratégique, l’empereur ordonna la construction d’une muraille défensive : le célèbre mur d’Hadrien. Dans ce cas-ci, le mur a pour but de délimiter le territoire, et de se protéger des invasions ennemies.[2] Ce n’est cependant pas la seule fonction qu’un mur peut avoir. Prenons le cas du mur de Berlin. Cette fois, on ne cherche pas à se protéger de l’envahisseur, mais au contraire à empêcher les Berlinois de l’Est de s’enfuir vers la RFA. Ici, ce sont les habitants mêmes de Berlin qui sont attaqués par le Mur, dans leur liberté de mouvement, et de pensée même[3]. Pour pousser plus loin encore cette atteinte à la liberté, examinons le cas du ghetto de Varsovie. Ses murs avaient une