L'identité, est-elle socialement définie?
Dans les sociétés modernes, caractérisées par le culte de l’individu, ce dernier est souvent présenté comme une monade indépendante n’obéissant qu’à sa loi intérieure. Dans cette perspective, l’identité de chacun est considérée comme le fruit de sa psychologie irréductiblement singulière, et devant être analysée comme telle. La sociologie, qui s’est constituée en rupture par rapport à cette vision, se propose pourtant de démontrer le contraire. En quoi peut-on dire que l’identité d’un individu est socialement définie ? Dire que l’identité – ensemble de caractéristiques physiques et morales d’un individu, de ses façons d’agir, de penser et de sentir – est « socialement définie » implique de s’intéresser aux relations entre cette identité individuelle et le ou les groupes dans lesquels l’individu est inséré. Ces multiples appartenances, allant du niveau le plus immédiat (relations de sociabilité quotidienne) au niveau le plus global, imperceptible à l’individu (son inscription dans une époque et une société donnée) façonnent, chacune à leur façon, ce qu’il est, sans qu’il soit toujours possible à l’individu lui-même d’en prendre conscience. Pour faire le tour de la question, du plus immédiat au plus global, on va d’abord analyser la façon dont l’identité d’un individu est en permanence construite par les interactions sociales de tous les jours ; on va ensuite remarquer que ces interactions, en s’ajoutant, donnent lieu au processus de socialisation de l’individu, qui diffère selon son milieu social ; on va enfin considérer la façon dont l’état d’ensemble de la société et de l’époque dans laquelle vit l’individu impose lui aussi une série de contraintes à son identité.
I. L’identité d’un individu est définie par les interactions sociales dans lesquelles il est engagé Interactionnisme (Mead ; Stauss ; Goffman) : l’identité comme produit mouvant