L'identité pour l'europe
Sur les limites de l’Union (p. 1) ; Limites internes et limites externes (p. 2) ; Le problème de la sou¬veraineté (p. 5) ; Mondialisation et identité post-nationale (p. 5) ; Souveraineté populaire et souve¬raineté nationale (p. 6) ; Les voies horizontales d’une intégration post-nationale (p. 8) ; Une commu¬nauté morale post-nationale ? (p. 10).
Sur les limites de l’Union.
Grande question que celle des limites de l’Union européenne. On la prend souvent pour une autre : les limites de l’Europe. De là, on réfléchit tantôt dans la direction des limites physiques ou géo¬graphiques, tantôt dans la direction des limites culturelles ou historiques.
Or, les conventions géographiques sont contestables : « L’Europe de l’Atlantique à l’Oural » n’est qu’une formule. Il n’y a évidemment pas de frontières naturelles de l’Europe. Du point de vue de la géographie physique, l’Europe n’est qu’un sub-continent asiatique, et, à vrai dire, elle a moins de consistance géophysique que, par exemple, le sub-continent indien.
Quant au critère culturel et historique, il paraît plus consistant que le critère naturel et géographique. Mais il est fluctuant. Par exemple, au XVIIIe siècle, l’Espagne n’était plus regardée comme euro¬péenne, car elle s’était tournée vers le Nouveau monde ; et, avant la découverte de l’Amérique, en 1492, date qui coïncide avec la fin de la reconquista, entreprise au VIIe siècle, le sud de l’Espagne était encore sous influence du monde arabe. Egalement, la Russie a souvent posé problème. Au siècle de Diderot, elle était culturellement proche de l’Europe, grâce à l’impératrice Catherine qui a favorisé la diffusion des Lumières. Mais au XXe siècle, devenue leader de l’Union soviétique, elle a cessé, en constituant un bloc opposé à l’Occident, d’être proprement eu¬ropéenne. Aujourd’hui son statut, à cet égard, reste incertain. Quant à la Turquie, bien qu’elle soit géographiquement moins orientale que certains Etats d’Europe, et bien qu’elle soit