Pierre Corneille
L’ILLUSION COMIQUE
Comédie
(1635)
Table des matières
Adresse 5
Examen 7
Acteurs 9
Acte premier 10
Scène première 11
Scène II 15
Scène III 19
Acte II 21
Scène première 22
Scène II 23
Scène III 29
Scène IV 32
Scène V 35Scène VI 37
Scène VII 39
Scène VIII 42
Scène IX 45
Scène X 46
Acte III 47
Scène première 48
Scène II 51
Scène III 52
Scène IV 55
Scène V 57
Scène VI 60
Scène VII 62
Scène VIII 63
Scène IX 65
Scène X 68
Scène XI 70
Scène XII 71
Acte IV 72
Scène première 73
Scène II75
Scène III 82
Scène IV 83
Scène V 87
Scène VI 89
Scène VII 91
Scène VIII 93
Scène IX 95
Scène X 97
Acte V 98
Scène première 99
Scène II 100
Scène III 102
Scène IV 109
Scène V 111
À propos de cette édition électronique 116
Adresse
À Mademoiselle M. F. D. R.
Mademoiselle,Voici un étrange monstre que je vous dédie. Le premier acte n’est qu’un prologue ; les trois suivants font une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie : et tout cela, cousu ensemble, fait une comédie. Qu’on en nomme l’invention bizarre et extravagante tant qu’on voudra, elle est nouvelle ; et souvent la grâce de la nouveauté, parmi nos Français, n’est pas un petit degré de bonté. Sonsuccès ne m’a point fait de honte sur le théâtre, et j’ose dire que la représentation de cette pièce capricieuse ne vous a point déplu, puisque vous m’avez commandé de vous en adresser l’épître quand elle irait sous la presse. Je suis au désespoir de vous la présenter en si mauvais état, qu’elle en est méconnaissable : la quantité de fautes que l’imprimeur a ajoutées aux miennes la déguise, ou pourmieux dire, la change entièrement. C’est l’effet de mon absence de Paris, d’où mes affaires m’ont rappelé sur le point qu’il l’imprimait, et m’ont obligé d’en abandonner les épreuves à sa discrétion. Je vous conjure de ne la lire point que vous n’ayez pris la peine de corriger ce que vous trouverez marqué ensuite de cette épître. Ce n’est pas que j’y aie employé toutes les fautes qui s’y sontcoulées ; le nombre en est si grand qu’il eût épouvanté le lecteur : j’ai seulement choisi celles qui peuvent apporter quelque corruption notable au sens, et qu’on ne peut pas deviner aisément. Pour les autres, qui ne sont que contre la rime, ou l’orthographe, ou la ponctuation, j’ai cru que le lecteur judicieux y suppléerait sans beaucoup de difficulté, et qu’ainsi il n’était pas besoin d’en charger cettepremière feuille. Cela m’apprendra à ne hasarder plus de pièces à l’impression durant mon absence. Ayez assez de bonté pour ne dédaigner pas celle-ci, toute déchirée qu’elle est ; et vous m’obligerez d’autant plus à demeurer toute ma vie,
Mademoiselle,
Le plus fidèle et le plus passionné de vos serviteurs,
Corneille.
Examen
Je dirai peu de chose de cette pièce :c’est une galanterie extravagante qui a tant d’irrégularités, qu’elle ne vaut pas la peine de la considérer, bien que la nouveauté de ce caprice en ait rendu le succès assez favorable pour ne me repentir pas d’y avoir perdu quelque temps. Le premier acte ne semble qu’un prologue ; les trois suivants forment une pièce, que je ne sais comment nommer : le succès en est tragique ; Adraste y est tué,et Clindor en péril de mort ; mais le style et les personnages sont entièrement de la comédie. Il y en a même un qui n’a d’être que dans l’imagination, inventé exprès pour faire rire, et dont il ne se trouve point d’original parmi les hommes : c’est un capitan qui soutient assez son caractère de fanfaron, pour me permettre de croire qu’on en trouvera peu, dans quelque langue que ce soit, qui...