I. Les principaux chiffres
Sur 191 millions de migrants internationaux recensés en 2005, on a compté 94,5 millions de femmes, soit près de la moitié du total. Elles représentent aujourd’hui la majorité des immigrants pour de nombreux pays, en particulier l’Amérique du Nord, l’Europe, le Moyen Orient et l’Océanie. En 2005, elles représentaient la majorité des immigrants dans toutes les régions du monde, sauf l’Afrique et le monde arabe. La féminisation des flux migratoires s’est accentuée depuis le début des années 90. Alors que, pendant longtemps, la migration féminine s’est effectuée dans le cadre du regroupement familial, elle est aujourd’hui majoritairement, comme celle des hommes, une migration de travail. Les femmes représentent aussi la grande majorité des émigrants pour de nombreux pays, en particulier en Asie et en Amérique latine. En 2002, elles ont été deux fois plus nombreuses que les hommes à émigrer du Sri Lanka. Entre 2000 et 2003, elles ont représenté près de 80% de tous les émigrants indonésiens. En 2005, plus de 65% des 3 000 émigrants philippins quotidiens sont des femmes. On observe la même tendance en Amérique latine : en 2001, 70% des émigrants brésiliens et dominicains vers l’Espagne ont été des femmes. Les pays andins envoient également des contingents de femmes beaucoup plus importants que ceux des hommes vers l’Europe. Elles ont également représenté 70% des migrants latino américains à destination de l’Italie.Enfin, au chapitre des migrations forcées, les femmes représentent en 2005 la moitié des 12,7 millions de réfugiés existant dans le monde.
II. Les principales destinations
Contrairement aux idées reçues, les migrations SudSud (migrations régionales et à longue distance) sont plus importantes que les migrations SudNord. Ainsi, deux millions de migrantes asiatiques travaillent dans des pays voisins du leur. Il en va de même des migrantes africaines, excepté dans quelques pays comme le Cap Vert où les migrations transocénaiques sont traditionnellement majoritaires. La plupart des migrantes d’Afrique au Sud du Sahara (47% de l’ensemble des émigrants du souscontinent) se déplacent dans les limites de leur région.Les migrations féminines SudSud longue distance sont également très importantes. Les pays du Golfe représentent une des principales destinations pour les émigrantes asiatiques. Depuis
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1995, on estime à 800 000 les femmes asiatiques émigrant chaque année vers le Moyen Orient. Un million d’Indonésiennes, de Philippines et de Srilankaises travaillent en Arabie Saoudite. Néanmoins, les migrations féminines SudNord sont de plus en plus importantes, les femmes étant majoritairement demandées dans la quasitotalité des métiers sociaux.
III. L’apport économique des migrantes
Pour de nombreux pays, le rapatriement des salaires féminins constitue une des principales recettes en devises. A la fin des années 90, ils représentent 62% du montant total des rapatriements vers le Sri Lanka. Le tiers des 6 milliards de dollars annuellement rapatriés vers les Philippines est le fait des femmes. Si leurs envois sont souvent inférieurs à ceux des hommes, c’est que les métiers « féminins » sont la plupart du temps moins bien rémunérés que ceux des hommes. En revanche, toutes les sources indiquent qu’aussi bien les migrantes internationales que nationales (femmes émigrant vers les zones urbaines essentiellement) envoient une proportion de leur salaire plus élevée que les hommes. Les femmes originaires du Bangladesh travaillant au Moyen Orient rapatrient ainsi en moyenne près des trois quarts de leur salaire. 56% des sommes procurées par ces rapatriements sont investies dans les besoins quotidiens des familles ainsi que pour la santé et l’éducation....