L'institualisation du pouvoir politique
Du pouvoir en général au pouvoir politique
Emmanuel FARGES, professeur agrégé de sciences sociales au lycée René-Cassin d’Arpajon
La création de l’option SES en première ES et l’adoption d’un programme spécifique de science politique obligent les collègues en charge de cette option à mettre à jour leurs connaissances dans une discipline qu’ils n’ont, pour la plupart, pas approfondie lors de leur formation initiale. Les instructions officielles soulignent que l’option s’articule autour des thèmes du pouvoir, de la démocratie et de la citoyenneté dans leurs interactions avec la vie économique et sociale. La contribution proposée ici s’intéresse au concept de pouvoir en tant qu’objet de sociologie politique. Même si le programme indique clairement que l’objectif n’est pas de faire une théorie du pouvoir, il apparaît pertinent de donner certains éclairages théoriques sur la nature du pouvoir en général et du pouvoir politique en particulier. Ainsi, les enseignants de SES, non spécialistes en science politique, pourront trouver dans cet article des éléments utiles à leur réflexion et leur facilitant la transposition didactique du savoir savant au savoir enseigné.
L
e mot pouvoir souffre d’une extraordinaire polysémie due à son emploi courant dans les contextes les plus variés. Terme essentiel dans le vocabulaire des sciences sociales, il est utilisé dans des problématiques particulières et à des niveaux différents. Ainsi, le juriste peut l’employer pour désigner l’une des fonctions de l’État (pouvoir législatif, exécutif, judiciaire) ou l’économiste pour désigner une firme qui s’affranchit des contraintes de la concurrence pure et parfaite (elle dispose d’un certain « pouvoir de marché » quand elle est price maker). De même, les lieux de l’exercice du pouvoir frappent par leur diversité : État, famille, entreprise, association, Église… Les ins-
titutions et les organisations sont fréquemment analysées sous l’angle des phénomènes de