L'intelligence de la vie
Qu'est-ce que l'être humain selon Rousseau ? S'agit-il de cet être naturel que Rousseau considère comme libre, perfectible, bon de par ses passions (l’amour de soi et la pitié) et égal à ses semblables, ou de l'être qui vit en société, asservi, avili, dégradé par les inégalités sociales ?
L'état de nature n'a peut-être jamais existé ; cependant, selon Rousseau, les aspirations et les potentialités naturelles sont toujours présentes chez l'être humain, et il est possible de déceler leur présence chez tous les enfants. Par ailleurs, les inégalités sociales sont des faits réels : mais les faits, toujours changeants, ne définissent pas l'être humain.
Ce qui demeure, c'est que l'humain est un être transformable et en transformation, un être historique qui change pour le bien ou pour le mal avec le temps et que c'est dans cette capacité de se transformer (la perfectibilité) que réside sa caractéristique essentielle. Rousseau explique qu'à l'état naturel, comme à l'état infantile, l'être humain n'est pas tout à fait homme ; même en société, il ne sera homme qu'au moment où il y aura communauté, et l'enfant ne sera adulte qu'au moment où il trouvera son bonheur dans la réalisation de l'intérêt collectif.
L'être humain et le sacré
Le passage de la nature à la'société semble s'inspirer du schéma judéo-chrétien du Paradis et de la chute, en attendant que le Contrat social nous fournisse les conditions de la Rédemption. Cependant, pour Rousseau, la transformation de l'être humain relève de l'histoire et non d'un plan divin. Déiste, Rousseau croit en l’innéïté de la vertu de religion à l’égard du sacré et ce en dehors de toutes les religions institutionnelles (civilisées). Il ne s'appuie sur aucune “revelation” pour éclairer les circonstances de la déchéance de l'être humain en société en dehors des manifestations de “méchanceté”; en « penseur moderne », il se sert plutôt d'une méthode consistant à formuler