L'intolerance
"J'ai fait mon coming out à 12 ans"
« J’ai fait mon coming out en 6e année primaire et ça s’est mal passé.» Adrien est précoce en la matière. Derrière un look androgyne savamment maîtrisé, l’adolescent s’exprime d’une voix douce, presque timide. Conscient de son attirance pour les garçons depuis toujours («je les trouvais jolis»), c’est à 12 ans que l’adolescent décide d’en faire part à quelques camarades de classe qui ont tôt fait de répandre l’information. «A l’école, on me traitait de “petit pédé”, on s’écartait quand je passais, j’étais tout le temps seul», raconte-t-il, son regard sous des lentilles couleur de feu à demi caché derrière une longue frange.
Il reste stupéfait de l’absence de compassion de ses camarades lorsqu’il perd sa grand-mère: «Ça aurait été n’importe qui d’autre, ils m’auraient au moins laissé tranquille.» Lors des cours d’éducation sexuelle à l’école, aucune mention de l’homosexualité, ce qui écœure Adrien: «Quand on parle de comment sont faits les bébés, on pourrait quand même dire que l’homosexualité existe et que c’est normal, ça aurait aidé qu’un adulte le dise pour changer les esprits.»
Moqueries, insultes, racket, soutien inexistant de la part de ses copains de classes ou de sa maîtresse («elle critiquait mon look à haute voix, ça faisait rire les autres»), le préadolescent est tenté par le suicide et exprime son mal-être avec une lame de rasoir, sur ses avant-bras. Il remonte la pente grâce à ses parents qui se montrent très compréhensifs et les nouveaux amis qu’il se fait l’année d’après au cycle d’orientation et grâce à Facebook.
«Mes deux meilleures amies sont bis, mais mon meilleur ami est hétéro», précise Adrien qui a actuellement un petit copain. Maintenant, il prend les remarques homophobes avec plus de distance: «C’est eux qui ont l’air de débiles à crier pédé dans la rue, pas moi», relativise