L’invention de la « tolérance »
Depuis le règne de François Ier et le développement de la religion réformée en France, les troubles et soucis issus du désaccord entre la majorité des français et ceux que l’on nomme peu à peu protestants ne cessent de se multiplier et de s’amplifier. Les politiques à leur égard prennent des routes divergentes, hésitant entre clémence et répression plus ou moins violente. Le règne d’Henri II est un parfait exemple de ces politiques répressives à l’égard d’une minorité de la population. En parallèle à ces répressions, se développent des idées tournées d’avantage vers une forme de clémence, ou de tolérance, voire de coexistence entre la religion réformée et la religion officielle, ainsi que des propositions visant, à terme, à permettre l’harmonie et la paix en France malgré ces deux religions, voire même à une nouvelle réunion des deux visions. Le document que nous avons sous les yeux est une lettre écrite par Catherine de Médicis à son ambassadeur en Espagne, Sébastien de l’Aubespine, à la fin des Etats Généraux tenue à Orléans de décembre 1559 à fin janvier 1561. Le but de cette convocation était de connaître l’opinion du peuple sur les problèmes de la France ainsi que de proposer des solutions. Catherine de Médicis, née en 1519 à Florence, morte en 1589, héritière des Médicis et nièce du pape, elle reçoit à Rome une éduction soignée, imprégnée d’humanisme et de néoplatonisme. Mariée à Henri II en 1533, reine de France de 1547 jusqu’en 1559, est veuve d’Henri II depuis 1559 et depuis peu, décembre 1560, elle est régente de France suite à la mort de son fils aîné François II. La charge du royaume lui incombe donc en attend la majorité de Charles IX. Sébastien de l’Aubespine, né en 1518 et mort en 1582, ambassadeur de France auprès du roi d’Espagne Philippe II, est également évêque de Limoges à partir de 1558. A travers cette lettre, Catherine de Médicis le tient au courant de la situation en France, et évoque son opinion sur les